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Comment faire des économies d’énergie dans le secteur culturel ?

Avant de répondre à cette question, avec des propositions opérationnelles pour accompagner les professionnels du secteur culturel aux économies d’énergie, prenons le temps d’en saisir le sens avec un pourquoi ?

D’abord parce que chez négaWatt, si nous sommes attachés à la transition énergétique, c’est bien dans une perspective plus large que nous inscrivons notre action, une vision où les arts et la culture sont essentiels à l’humanité, tout comme le sont un climat supportable, la diversité du vivant, l’air, l’eau, les océans et autres « communs », ainsi que la santé physique et psychique, le lien social, la démocratie ou encore la paix et la justice sociale.
Ensuite, parce que le secteur culturel, déjà particulièrement vulnérable aux crises, est aujourd’hui fragilisé par une facture énergétique qui s’alourdit et pèse sur des modèles économiques parfois… acrobatiques !

Enfin, parce que nous croyons à la force du récit et au rôle des artistes pour ouvrir nos imaginaires, questionner nos modes de pensée, de faire et de vivre ensemble, mettre en mots, en images, en musiques, en corps, en cris… ce qui nous travaille dans les profondeurs lorsque l’éco-anxiété nous prend, savoir exprimer aussi nos émotions positives, nos enthousiasmes et impulser un élan collectif vers plus de résilience…
Essentiel donc.


L’ACCOMPAGNEMENT DU SECTEUR MUSICAL, RETOURS D’EXPÉRIENCE AVEC LE RIM EN NOUVELLE-AQUITAINE


Depuis 2018, l’Institut négaWatt et Incub’ accompagnent le RIM (Réseau des Indépendants de la Musique) et ses adhérents pour identifier les spécificités des métiers des musiques actuelles et les accompagner à réaliser des économies d’énergie. Le RIM rassemble les acteurs des musiques actuelles en Nouvelle-Aquitaine (208 structures adhérentes sur 12 départements) en vue d’un développement équitable, coopératif, solidaire et durable de la filière. Le RIM fédère, accompagne, représente tous les acteurs du spectacle vivant (création, salles de diffusion de concerts et festivals), de la musique enregistrée (labels, éditeurs, studios…), de la transmission (écoles de musique), des médias (radios, presse) et de la structuration de ce vaste écosystème.

Avec notre partenaire Incub’ – « un bureau d’études qui produit des résultats plutôt que du papier » – nous avons appliqué la méthodologie du Design Énergétique aux « lieux de musiques actuelles » (6 lieux hétéroclites intégrant des activités de diffusion de concerts, de résidence d’artistes, de studios et/ou d’école de musique) ainsi qu’aux festivals, lieux éphémères de vie intense qui mettent en exergue les problématiques énergétiques (énergie consommée sur site et pour la mobilité du public, des artistes et du matériel…), écologiques (gestion du bruit, de l’eau, des déchets…) et sociales (apprentissage du vivre ensemble, égalité femmes-hommes, lutte contre les discriminations de genre, les violences sexistes et sexuelles…)

En partant des usages, il est possible de discerner rapidement ce qu’il est important de préserver (essentiel, on vous dit !), où sont les gaspillages et les marges de manœuvre en matière d’efficacité énergétique mais aussi et surtout en termes de sobriété, ce qui implique des évolutions de pratiques, d’organisation… et sans mauvais jeu de mot, de « culture » (oui, on peut arrêter les tireuses à bière sans risquer de perdre sa soirée, il suffit d’expérimenter pas-à-pas pour apprendre à les relancer au bon moment !) Tout ceci sans toucher à ce stade au cœur de métier (lumière, sonorisation et autres équipements de plateau), pour lesquelles il existe également des solutions – comme celles proposées par nos ami.es de Zébulon Régie – permettant de réaliser entre 25 et 50% d’économies d’énergie.

Outre les bénéficiaires directs de ces accompagnements, les conclusions opérationnelles, inspirantes sinon directement transposables ont été diffusées plus largement dans le cadre de formations collectives et de webinaires, et l’aventure continue avec un collectif apprenant élargi à de nouvelles structures du secteur.

Ce projet est soutenu financièrement par le CNM (Centre National de la Musique), la Région Nouvelle-Aquitaine, la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), qui ont ainsi renouvelé leur confiance chaque année depuis 5 ans. Merci à eux !

DES ÉCONOMIES D’ÉNERGIE IMPORTANTES À « LA NEF »

4 mai 2023, La Nef, Angoulême. Acte 1 de la session 2023 de cet accompagnement collectif piloté par Jeremy CELSAN, responsable de mission à l’Institut négaWatt, avec la complicité de Malika Vignon pour le RIM et de Pascal Lenormand pour Incub’. Au programme de cette journée :
› Intégrer de nouvelles structures musicales dans le projet, en vue de constituer un « collectif apprenant » d’échanges entre pairs, bénéficiant d’une facilitation efficace et d’une expertise de terrain
› Apprendre ensemble à faire le lien entre les usages, les métiers des musiques actuelles (diffusion de spectacle vivant, accueil de résidences, médiation culturelle, studios, écoles de musique…) et l’énergie
› Explorer des solutions concrètes et accessibles pour améliorer le confort, faire des économies d’énergie en réduisant les consommations, devenir plus résilients face à l’explosion des factures et assurer de bonnes conditions de travail et d’accueil pour les salarié.es, les artistes et le public.

Et pour se mettre en mouvement, quoi de plus inspirant qu’un exemple réussi ?
Depuis 1993, La Nef est une salle de spectacles dédiée aux Musiques Actuelles amplifiées, à Angoulême. Avec une salle de 700 places debout, 4 studios de répétition et un studio d’enregistrement, une boutique dédiée à l’image et une équipe ad hoc, c’est un acteur majeur de la politique d’actions culturelles du Grand Angoulême, un lieu de soutien à la création artistique et aux initiatives locales (pratique, accompagnement, résidences), de diffusion de musiques actuelles et de médiation culturelle. Le témoignage de Laëtitia Perrot, directrice administrative et culturelle de La Nef est éloquent :

« Notre consommation d’électricité a baissé de 40% et celle de gaz de 34% en quelques mois (sans investissement) »

Parmi les propositions d’Incub’ mises en œuvre à La Nef : arrêter la CTA (centrale de traitement d’air) hors concerts, arrêter les groupes froid (+ relance anticipée), chauffer les personnes (au bon moment), pas les bâtiments entiers (en permanence), et parfois même améliorer le confort au passage… Au-delà des solutions techniques, le volontarisme, l’implication personnelle et l’organisation de l’équipe sont au cœur des changements de pratiques qui visent à atteindre cet objectif d’économies d’énergie. Et ce point majeur fait bien entendu partie intégrante de l’accompagnement de l’Institut négaWatt.


DES ÉCONOMIES D’ÉNERGIE POUR LE SPECTACLE VIVANT, LE CINÉMA, LES MUSÉES ET AUTRES LIEUX DE CULTURE


Ces retours d’expérience nous amènent désormais à proposer ce type d’accompagnement à d’autres acteurs culturels, en premier lieu les gestionnaires de salles de spectacle, de toutes tailles, qui accueillent résidences et/ou représentations de spectacle vivant : théâtre, danse, cirque, musique, opéra… et activités connexes.

Toujours dans une approche « bâtimentaire », en partant des spécificités d’usage et surtout des usagers, en mêlant habilement les questions techniques et une approche humaine des enjeux, nous souhaitons également pouvoir accompagner la réalisation d’économies d’énergie dans les salles de cinéma – saluons au passage l’initiative CUT ! – ou encore les musées et lieux assimilés.


Et pour que l’intensité et la beauté de l’éphémère perdure, nous souhaitons étendre l’approche à d’autres festivals et évènements ponctuels. Le secteur sportif est lui aussi concerné par les économies d’énergie.

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